dimanche 11 janvier 2015

En Picardie: A la découverte de Saint Riquier

Invitée au vernissage de la nouvelle exposition du centre culturel de l'Abbaye de Saint-Riquier, j'en ai profité pour visiter la ville et ses nombreuses richesses patrimoniales.

Toutes les informations sur: http://www.saint-riquier.com/ Je vous conseille vivement de vous promener dans la ville pleine de surprises, de déambuler dans l'abbatiale et surtout de visiter l’hôtel-Dieu. En effet, non seulement vous y découvrirez le dévouement des soeurs bénédictines, les tensions entre l'abbé et l'évêque, la vie des malades, l'évolution de la médecine mais vous ressortirez avec quelques anecdotes et notamment d'où viennent les expressions "casser sa pipe" et "se faire dorer la pilule". Je vous souhaite une bonne visite! UN PEU D'HISTOIRE... Fondée au 5ème siècle, la ville s'appelait autrefois Centule. Cette cité s'est développée autour du monastère fondé en 625 par Riquier, propriétaire terrien converti au catholicisme qui évangélisa le Nord de la France.
L' abbaye "Centula" connaît son apogée à l'époque de Charlemagne et comptait en l'an 800 plus de 300 moines et une école réputée. A cette période, le rayonnement culturel de Centule déborde largement les frontières du Saint Empire Germanique. Cité monastique, Centule a bénéficié de cette prospérité et aurait abrité jusqu'à 15.000 habitants, protégée par des fortifications importantes d'où son surnom de "Ville aux cent tours . Elle fut capitale du Ponthieu aux 10ème et 11ème siècles avant d'être supplantée par Abbeville (Abbatis Villa : domaine des abbés) où un port avait été créé. En 1126 les bourgeois obtiennent des abbés, la charte communale pour la ville, d'où la construction d'un beffroi symbole des libertés communales. Au Moyen Âge, et progressivement, Centule prend le nom de Saint-Riquier en raison de la ferveur des pèlerinages aux reliques du saint, mais les habitants conserveront le nom de Centulois, toujours usité actuellement. Longtemps ville fortifiée du Royaume de France, Saint-Riquier a subi de nombreuses invasions et destructions. Elle a le privilège de pouvoir arborer les couleurs et les attributs de la royauté.
Les armoiries officielles se présentent sous la forme d'un semis de fleurs de lys sur champ d'azur, le tout couronné de murailles. La cité doit cette distinction à son long et riche passé, à sa fidélité aux princes du Royaume de France et aux sacrifices pour en assurer la protection et la puissance. Saint-Riquier a joué le rôle de place forte, réputée quasi-imprenable. François 1er est venu en personne la conforter dans ce rôle stratégique à la frontière nord du royaume et en a profité pour rendre hommage et remercier publiquement deux femmes de la ville (Becquestoile et Bellegueulle) qui, "travesties en hommes" avaient galvanisé la défense de la ville alors attaquée par les troupes de Charles Quint, entraînant les bourgeois, la faible garnison, le clergé et les femmes à prendre part aux combats.
Si aujourd'hui la commune compte près de 1 300 habitants, elle conserve néanmoins un riche patrimoine historique et culturel. A VISITER: - L'abbaye: centre culturel - L'abbatiale - L'hotel-Dieu A VOIR: - Le beffroi - La maison Napoléon - La prison de Jeanne d'Arc



L'ABBAYE
Fondée au 7ème siècle sur le tombeau de saint Riquier, cet immense bâtiment accolé à l'abbatiale succède à l'abbaye carolingienne qui fut ruinée par les Normands au 9ème siecle, puis successivement au 15ème siècle par les Bourguignons et par les Armagnacs. Elle a été également incendiée en 1554. Elle fut restaurée presque entièrement dans la seconde moitié du 17ème siècle par l'abbé d'Aligre.
Vendue à la Révolution comme bien national, l'abbaye fut en partie démolie. Rachetée en 1822 par l'abbé Padé pour y faire un collége elle est devenue petit séminaire en 1828. Hopital militaire durant les deux guerres mondiales, elle a été rachetée en 1953 par les Frères Auxiliaires du clergé qui en ont fait leur maison mère. En 1972, le Conseil Général de la Somme rachète, à son tour, les bâtiments de l'abbaye pour y installer un musée-centre culturel qui présentait une exposition permanente sur la vie rurale, agricole et artisanale en Picardie et de nombreuses expositions temporaires. L'EGLISE ABBATIALE Construit à l'emplacement de l'église carolingienne détruite par les invasions barbares, l'édifice gothique actuel date du 13ème siècle. L'église est l'œuvre de restauration de quatre abbés entre 1257 et 1536 avant d'être relevée définitivement au 17ème siècle sous l'abbatiat de Charles d'Aligre. Elle présente une magnifique façade de style gothique flamboyant du 16ème siècle. A l'intérieur, le style est plutôt classique : boiseries, grilles et décorations en marbre du 17ème siècle. On peut y admirer des tableaux du 17ème (Jouvenet, Bon Boullogne, Hallé, Coypel, Lépicié), un Christ en bois de Girardon ainsi que la Salle du Trésor où est contée, lors des visites, l'une des plus extraordinaires légendes du Moyen Âge : le Dit des Trois Vifs et des Trois Morts (peintures murales originales du 16ème). Enfin l'orgue, dont la base provient de l'abbaye des Prémontrés de Chartreuve (Aisne) a été installé par Louis Labour de Beauvais. Restauré au 19ème siecle par une équipe de facteurs d'orgues connue sous le nom de frères "basiliens" de l'abbaye de Valloires, il a connu des restaurations durant le 20ème siecle. Classé monument historique en 1949 pour la partie instrumentale, le buffet a été classé en 1981. La dernière restauration s'est achevée en 2005 après 9000 heures de travail pour revenir à son état de 1852.

LE BEFFROI
Il est le symbole de l'indépendance municipale de Saint-Riquier qui a obtenu en 1126 une des premières chartes communales de France. Le premier beffroi étant trop près de l'abbaye, les puissants abbés exigèrent qu'un nouveau beffroi soit construit à l'emplacement actuel. Edifié au 13ème siècle, il fut presque totalement détruit en 1475 sur ordre de Louis XI, puis reconstruit et achevé en 1528.
Imposante tour carrée haute de 18 mètres, le beffroi doit son aménagement actuel à de grands travaux de réhabilitation en 1788 et 1789. Il devient Hôtel de Ville où réunions du conseil municipal et mariages se sont tenus jusqu'en 2005. Il abrite le Syndicat d'Initiative au premier étage au dessus de l'ancienne prison du Moyen Age. Depuis 2005, le beffroi est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO ainsi que 22 autres beffrois du Nord-Pas-de-Calais et de Picardie. 



LA MAISON NAPOLEON 
Cette maison, près de la place du village, se signale par une curiosité architecturale. Son pignon, épousant la forme du bicorne de Napoléon 1er, est surmonté de sa statue.
Il faut y voir l'hommage rendu à l'Empereur par l'un des ses grognards, le sergent Louis Joseph Petit, qui après avoir été blessé à la bataille de Ligny le 16 juin 1815, vint s'installer à Saint-Riquier. C'est vers 1840 qu'il fera construire cette maison. Louis Joseph Petit repose toujours au cimetière de la commune. La statue abîmée par le temps a été remplacée à l'identique par une œuvre du sculpteur amiénois Léon Lamotte et inaugurée le 1er mai 1962. La maison est inscrite à l'inventaire des Monuments Historiques depuis 1928. LA PRISON DE JEANNE D'ARC Le passage de Jeanne d'Arc à Drugy, en novembre 1430, prisonnière des Bourguignons, sur le chemin d'Arras à Rouen est relaté par Jean de la Chapelle dans sa chronique latine datée de 1492. Après avoir relaté l'histoire de Jeanne, le chroniqueur ajoute : "Mais le siège de Compiègne fut fatal à notre héroïne; elle y tomba au pouvoir des Anglais qui la conduisirent à Rouen pour y être décapitée et brûlée. Dans le voyage de Compiègne à Rouen elle passa une nuit dans le château de Drugy, où elle fut visitée par dom Nicolas Bourdon, prévôt, et dom Jean de la Chapelle, aumônier, et plusieurs autres religieux de cette église. On parlera d'elle éternellement, parce que la haine des Anglais était injuste." (traduction par l'abbé Hénocque, Histoire de Saint-Riquier T.II p.98)

L'HOTEL DIEU
 L'évocation la plus ancienne de cette institution remonte à 1199. Elle est dirigée à l'origine par une communauté de frères et de sœurs de la congrégation de saint Augustin. A la Révolution, l'Hôtel-Dieu devient hôpital-hospice et accueille alors les militaires blessés. Après le Premier Empire (mais également au cours des deux guerres mondiales), les religieuses se consacrent complètement "au soulagement de l'humanité souffrante ". Les sœurs augustines quitteront définitivement l'Hotel-Dieu en 1963 qui devient alors totalement civil. Dans les bâtiments actuels construits de 1688 à 1704 et qui sont toujours des lieux de vie pour les personnes âgées ou handicapées, on remarque surtout le cloître et la chapelle élevée de 1717 à 1719 et dédiée à Saint Nicolas. Cette chapelle a été enrichie au cours du 18ème siècle de précieuses ornementations, la plupart de style baroque-rocaille, de tableaux de Parrocel et de grilles de fer forgé attribuées à Veyren dit LeVivarais. La décoration est complétée en 1753 par un autel monumental orné de statues, le tout en bois, sculpté et exécuté par le baron autrichien Pfaffenhoffen dit Pfaff, qui vivait alors à Saint-Riquier où il s'était marié. Cet ensemble est maintenant ouvert au public qui peut également apprécier la muséographie avec la reconstitution d'une chambre de malade et d'une apothicairerie du 18ème siècle
















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