dimanche 11 janvier 2015

Cimetière chinois de Nolette

Au retour du Hourdel, petit arrêt du côté du cimetière chinois de Nolette situé sur la commune de Noyelles-sur-Mer où sont inhumés 842 travailleurs civils chinois employés par l'armée britannique pendant la Première Guerre mondiale.
 








Dès 1916, la France est en manque de bras et les femmes ne suffisent plus à remplacer les hommes qui partent au front. En 14 mai 1916, le gouvernement français passe un accord avec les autorités chinoises pour recruter des travailleurs en Chine. Six mois plus tard les Britanniques en font de même et passent un accord pour le recrutement de 150 000 travailleurs dont une grande majorité travaillera sur le sol français. Les contrats signés pour une durée de 3 à 5 ans stipulent que les travailleurs ne participeront en aucun cas aux opérations militaires mais sont préposés à l’exécution des travaux agricoles et industriels.

 








Noyelles-sur-Mer devient alors le quartier général du "chinese labour corps" en accueillant l'ensemble des travailleurs à leur arrivée sur le sol français juste avant leur affectation. Le camp de Noyelles comptent 3000 hommes qui travaillent en permanence et par roulement. Les travaux consistent à décharger les munitions, réaliser les travaux dans les fermes alentours et doubler la ligne de chemin de fer Paris-Calais. Peu à peu et surtout vers la fin de l'année 1917, ces hommes seront confrontés aux combats en se voyant confier le déminage, le ramassage des blessés et des morts, le terrassement de tranchées, la blanchisserie et les services de santé auprès des malades. Vivant dans des baraquements, à l'écart, ils avaient l'interdiction de se mêler à la population civile et ne se déplaçaient qu'encadrés par un officier britannique, si bien qu'ils furent vite considérés comme des prisonniers. Du fait des conditions de vie et de travail déplorables et du changement de climat, ils subirent de nombreuses épidémies qui conduisit à créer un hôpital spécialisé à Noyelles ainsi qu'un premier cimetière chinois. Une grande majorité de ces travailleurs sont morts juste après la guerre d'une épidémie de grippe espagnole.

L'armistice signé, les autorités françaises et britanniques organisent le rapatriement des travailleurs en Chine mais de nombreux hommes resteront en France. Propriété de l'État français et gérée par la Commonwealth War Graves Commission, la nécropole a été édifiée en 1921 par le gouvernement britannique . Dès le portail d'entrée, nous comprenons bien que nous ne sommes dans un cimetière militaire particulier. Le porche monumental, qui ressemble à celui d'un temple, avec ses idéogrammes chinois nous plonge directement dans l'identité et la particularité du site. Respectant la politique mémorielle britannique qui prône la non distinction de grade ou croyance, les 842 stèles ne présentent que trois messages différents « Faithful unto Death » ou « Though dead he still liveth » ou encore « A good reputation endures for ever ». Le mur de l'entrée tient lieu de mémorial pour la quarantaine de Chinois morts sur terre ou sur mer sans tombes connues. Depuis 2002, le cimetière de Nolette est le lieu de célébration de la Fête de Qing Ming (Fête des Morts chinoise) organisée par le Conseil pour l'intégration des communautés d'origine chinoise en France




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